Route du Rhum 2018  L’incroyable scénario: Francis Joyon (IDEC Sport) entre dans la légende du Rhum au terme d’un final d’anthologie @routedurhum
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| Michel Lecomte - Journaliste | Voile | Route du Rhum  Vu 93916 fois
Article N°21805

Route du Rhum 2018 L’incroyable scénario: Francis Joyon (IDEC Sport) entre dans la légende du Rhum au terme d’un final d’anthologie @routedurhum

L’incroyable s’est donc produit cette nuit à Pointe à Pitre. Leader pendant six jours, François Gabart s’est fait doubler pratiquement sur la ligne d’arrivée dans la pétole Guadeloupéenne. Pendant 6 heures, 60 milles, le temps qu’aura duré ce tour de la Guadeloupe abracadabrantesque, François Gabart et Francis Joyon nous ont tenu en haleine. Et c’est donc le second qui l’emporte d’un souffle, mettant ainsi un terme à un suspense de fous entretenu depuis le passage de la Tête à l’Anglais, aux arrêts buffet à Bouillante, aux re-départs de Basse Terre, et aux deux derniers milles littéralement bord à bord à 3 nœuds de moyenne. 60 milles sur les 3542 du parcours. 1,7% de la distance pour décider d’une victoire… 7 minutes et 8 secondes sur 7 jours et quelques heures de course…






 






 







Combattif de bout en bout, Francis Joyon n’a pas volé son premier sacre sur la Route du Rhum après sept tentatives. Détenteur du Trophée Jules Verne, auréolé de multiples records en multicoque, une discipline qu’il pratique depuis 20 ans, le skipper d’IDEC Sport a prouvé sa force mentale et physique dans ce morceau de bravoure qui a vu de tomber plusieurs concurrents (le Maxi Edmond de Rothschild, et le Maxi Banque Populaire IX). « Je n’ai pas dormi depuis une semaine, déclarait-il à la conférence de presse. Et puis c’était un trajet difficile. On a eu une dose importante de moments délicats à gérer ».

Impérial malgré son bateau blessé, amputé d’un foil et d’un safran, le skipper de MACIF qui menait depuis le 5 novembre et qui a passé le plus clair de son temps à bricoler, pourrait juger la sentence injuste. Sauf que le marin de 35 ans, recordman du tour du monde en solitaire, ne semblait pas si dépité à son arrivée au ponton du Mémorial ACTe. Dans ses premières déclarations, il avouait même avoir savouré le spectacle donné pour la fin du bal : son duel au ralenti avec Joyon…

 

© Alexis COURCOUX #RDR2018







Déclarations de Francis Joyon et François Gabart, morceaux choisis

A propos de la victoire

Francis Joyon : « Elle a la saveur du Rhum de Guadeloupe et c’est vrai qu’après toutes mes participations, je la savoure d’autant plus !  C’était une course extraordinaire »





 

A propos des derniers milles









Francis : « Je me suis rendu compte que je pouvais gagner 1 minute 30 avant l’arrivée. Mais avant ça, j’ai cru que François allait me repasser parce qu’il allait beaucoup plus vite avec son code zéro. C’est vrai que ça a été un moment de grande inquiétude parce que je le voyais revenir comme un avion. J’avais l’impression de rééditer un petit peu l’arrivée de Mike Birch pour qui j’ai beaucoup d’admiration ».

François Gabart : « Quand il me vire devant je me dis c’est mort et puis en fait je reviens je reviens je reviens puis je me dis ‘on va se finir tous les deux sur la ligne à une longueur de bateau…’ Et voilà c’est comme ça que ça se termine, mais ce n’est qu’un détail. C’est un détail important car il arrive à la fin de la course, mais ce n’est qu’un petit moment par rapport à une course qui a duré un petit peu plus d’une semaine ! »





© Alexis COURCOUX #RDR2018








Sur le retour d’IDEC Sport dans les alizés

Francis : « J’ai appris les problèmes de François au dernier moment mais je me doutais qu’il avait un bateau extrêmement rapide et que si j’arrivais à regagner sur lui c’était qu’il était handicapé d’une manière ou d’une autre. Je pensais que c’était plus un problème de bas étai ou quelque chose comme ça qui le contrariait, je n’imaginais pas que les dégâts étaient aussi importants. Il a eu énormément de mérite de continuer à un rythme aussi élevé alors qu’il avait un safran et un foil en moins. Ce sont quand même de gros handicaps et François a réussi d’une part à prendre sur lui et ne rien dire, et d’autre part à faire une course hyper courageuse et engagée ».
 


Sur la bricole à bord







 

François« Je pensais que ça allait être simple sur une transat et en fait, j’ai passé énormément de temps à bricoler et à adapter ma façon ne naviguer à tous les problèmes que j’ai pu avoir sur le bateau. J’ai passé mon temps à ça, dès qu’il y avait une phase de transition. Ça a commencé dès le passage de Ouessant et ça s’est terminé jusque dans derniers bord où il fallait pomper dans le puits de foil qui se remplissait d’eau »

Francis « Je n’ai pratiquement pas bricolé: seulement un peu d’électronique à cause des chocs très violents. J’ai du réparer le capteur de pilote. Et j’ai passé pas mal de temps à la barre. Mis à part ce problème j’ai juste cassé deux bloqueurs de dérive, ce qui est très peu ».






© Alexis COURCOUX #RDR2018







A propos de la difficulté de la course


 

Francis« J’ai l’impression d’avoir été plus loin que d’habitude. Là j’ai trouvé des stratégies de sommeil où j’arrivais à récupérer en quelques petits instants de temps en temps et du coup je ne me suis pas mis dans le rouge complètement. Mais c’est vrai qu’en matière de navigation un peu sauvage, les deux premiers jours c’était vraiment très très sauvage. Et je comprends qu’il y ait eu beaucoup de bateaux cassés parce qu’il fallait réussir à passer sans casser le bateau et j’ai failli plusieurs fois casser le bateau moi aussi  (…) Le trajet a été difficile, même en croyant avoir du beau temps dans les alizés, on avait des passages de grains assez violents. Les changements de voile étaient difficiles, le bateau était brutal, c’était sportif. C’est ce qu’on venait chercher mais cela restait des moments délicats. Je suis dézingué au niveau auditif car le bateau était en vibration et en sifflement constant… »

François« Si j’ai la patate comme lui à 62 ans, ce sera bien. C’est la preuve que la voile maintient en forme. Cela dit, quand on regarde ce qu’on a fait… Moi, je n’ai pas beaucoup dormi et parfois, on va un un peu trop loin dans l’extrême au niveau physique et mental donc il ne faut pas faire ça trop souvent.  Une fois par an, c’est suffisant »




© Alexis COURCOUX #RDR2018









Sur la beauté de la course, au delà du résultat

François : « Je suis content de la course. Cette course aurait pu s’arrêter plus tôt, ça ne se joue pas à grand chose. J’arrive quand même jusqu’ici en Guadeloupe, ravi de m’être tiré la bourre. C’est vrai que je suis deuxième.  La victoire, est-ce vraiment ce que je viens chercher systématiquement ? Ces dernières années, j’ai eu la chance de vivre des courses de dingues. Ce que tu retiens à la fin, c’est ça. Ce sont les expériences que tu vis… Je retiendrai que j’ai eu peur, que j’étais tendu quand je voyais Francis revenir, que c’était insupportable. Et ce dernier bord à bord la nuit dans la pétole. Peut-être que demain j’aurais la gueule de bois et que ça fera mal de ne pas avoir gagné, mais je crois surtout que je m’en souviendrai toute ma vie de cette course, parce qu’elle était belle jusqu’au bout. Et j’y ai appris plein de choses ».

 

Après 6 jours de course menée en tête, François Gabart a tout perdu dans les dernières heures de navigation au terme d’un tour de la Guadeloupe de 6 heures disputé dans les petits airs. Le skipper de MACIF termine deuxième de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, 7 minute et 8 secondes derrière le vainqueur Francis Joyon, après un duel à rebondissements jusque dans les ultimes mètres vers la ligne d’arrivée.

François Gabart est arrivé à Pointe à Pitre ce dimanche 11 novembre à 23 heures 28 minutes et 55 secondes (heure locale) après 7 jours 14 heures 28 minutes 55 secondes de course. Cette deuxième place sur le podium, après une victoire en IMOCA en 2014, n’est peut-être pas celle dont rêvait le marin de 35 ans qui a mené un combat de tous les instants pour accrocher une victoire qui lui échappe sur le fil.

 
  • Un final haletant pour les 40 ans de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe
  • Une victoire acquise par Francis Joyon à seulement 13 milles de la ligne
  • Nouveau temps de référence sur les  3 542 milles entre Saint-Malo et Pointe à Pitre

Incroyable ! Complètement dingue ! Après 6 jours de course poursuite derrière François Gabart, tout s’est finalement joué au terme d’un tour de la Guadeloupe totalement fou, dans les dévents et la pétole. A la marque de Basse Terre, avec 17 minutes d’avance, on pense que MACIF a course gagnée. Il reste encore 30 milles à faire dans des vents évanescents. 30 milles de suspense total et de rebondissements. Entre le Sud de l’île et la ligne d’arrivée, Francis Joyon, décalé à terre, parvient à prendre l’ascendant dans une risée. Bien que ralenti par un filet de pêche pris dans un de ses safrans, le skipper d’IDEC Sport conserve l’avantage. A deux milles de la ligne, le vent tombe à nouveau. MACIF, légèrement plus rapide, revient au contact et les deux adversaires se retrouvent bientôt bord à bord, à 3 nœuds de vitesse. Il faut encore caler un virement de bord très délicat. Francis ne tremble pas dans la manœuvre et parvient à s’imposer ce dimanche 11 novembre à 23 h 21 mn 47 secondes (heure locale) avec seulement 7 minutes 08 secondes d’avance sur le trimaran bleu. Un écart qui fait entrer dans la légende cette 11e édition de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe et son vainqueur Francis Joyon.

Le skipper d’IDEC Sport a mis 7 jours 14 heures 21 minutes et 47 secondes pour boucler le parcours de 3542 milles à la vitesse moyenne de 19,42 nœuds. Il établit ainsi un nouveau temps de référence sur le parcours en battant de 46 minutes 45 secondes le chrono réalisé en 2014 par Loïck Peyron.  A 62 ans, le détenteur du Trophée Jules Verne a mené une course exceptionnelle à la force des bras et du mental. Jusqu’au bout, il aura tout donné pour tenter de ravir la victoire à son jeune concurrent.  Avec succès ! Après sept tentatives, il remporte la toute première Route du Rhum-Destination Guadeloupe de sa carrière. Brillant !


Michel Lecomte

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